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L’Armoise commune : une mauvaise herbe pas si vulgaire …!

Artemisia vulgaris L.

 

 

 

L’Armoise commune est une plante vivace considérée comme une « mauvaise herbe ». Commune dans les régions septentrionales sur les friches caillouteuses, les bords des chemins et les terrains incultes, elle résiste bien dans ces types d’habitats perturbés grâce à sa racine robuste et son affinité pour les sols riches en azote.

Son aspect envahissant est conforté, à tort, par le fait qu’elle est bien visible au loin avec ses grandes tiges dressées jusqu’à 1,5 mètre, d’où elle se distingue de ses compagnes herbacées  par des teintes rouges à violet foncé. De plus, ses feuilles vert foncé sur le dessus, plusieurs fois divisées en lobes lancéolés, sont feutrées de blanc en dessous. Ce feutrage confère à la plante une meilleure résistance aux ambiances sèches et ensoleillées où elle pousse : en formant un microclimat plus humide au niveau de la face inférieure de la feuille, les stomates (en quelque sorte des « narines hygroréglables» servant aux échanges gazeux de la plante) peuvent rester ouverts plus longtemps.

Par contre, la floraison estivale de cette Astéracée, est peu attractive. L’inflorescence est constituée de minuscules fleurs tubuleuses regroupées en capitules de couleur jaune ou brun rouge, eux-mêmes regroupés en une multitude de petits glomérules sur des rameaux feuillus ; aussi, délaissées par les insectes, la pollinisation est principalement effectuée par le vent, ce qui explique la prédilection de cette plante pour les lieux dégagés.

Mais, ce sont sans conteste ses usages médicinaux ou culinaires qui sont les mieux connus. Ses propriétés antispasmodiques  furent longtemps utilisées pour guérir l’épilepsie et la danse de Saint-Guy. Par ailleurs, l’Artémise était employée dans les campagnes pour son action emménagogue, propriété qui explique l’origine étymologique de son nom scientifique, Artemisia vulgaris L., lié à Artémis, déesse grecque de la chasse et de la virginité. Toutefois, si son action pour régulariser les cycles menstruels est avérée, le non respect des doses peut être fatal pour les femmes enceintes. Plus tard, on s’est attaché plutôt  aux propriétés très allergisantes de son pollen, puisqu’on l’appelait aussi  Tabac de Saint-Pierre et, plus récemment, on s’inquiète de son développement dans les friches industrielles à proximité des zones résidentielles. Enfin, elle peut être aussi considérée comme un talisman contre la fatigue  puisque un dicton français affirme « Qui portera Armoise par le chemin ne se sentira jamais las ». Est-ce dû aux huiles essentielles dégagées par la plante et mélangées à la sueur des kilomètres ou le fait de compter les touffes d’Armoise commune le long du chemin qui font passer la lassitude ?

Douée de grands pouvoir en sorcellerie, cette plante magique avait le pouvoir, disait-on, de chasser le mauvais esprit, le poison, l'eau, le feu. Rien que cela !  Tout au moins, au Moyen Age, cette Herbe de la Saint Jean, entrait dans la composition des philtres propres à « dénouer l'anguillette » et la tradition voulait qu'on en portât soit une couronne sur la tête, soit une guirlande autour de la taille pour danser devant le feu de la Saint-Jean, puis qu'on la jetât ensuite dans les flammes afin d'être immunisé contre la maladie pendant l'année à venir.

Mais passons plutôt aux choses pratiques :
- A la ferme, suspendue en bouquet dans les étables et les écuries, cette même plante, pouvant être dénommée pour la circonstance Remise, attire les mouches et en délivre ainsi les animaux.
- Doit-on déplorer que l’on n'emploie plus l'Armoise pour parfumer la bière depuis que le houblon l'a remplacée ?
- Et, l’utilisez-vous pour accommoder comme en Angleterre et en Allemagne les oies et les grosses volailles cuites à l'étouffée pour qu’elles aient la chair plus tendre et plus savoureuse ?

Enfin, cette Armoise vulgaire  est issue d’une lignée constituée  de célébrités incontestés comme : l'Estragon (Artemisia dracunculus L.), l’Absinthe (Artemisia absinthium L.), le Génépi (Artemisia genipi Weber), l’Aurone (Artemisia abrotanum L.). Donc, un peu de respect quand vous la croiserez sur les chemins, elle ne mérite peut être pas son statut de mauvaise herbe.