Au menu, des figues sèches ...quelques peu fécondes!

Ficus carica L.

 

 

 

De premier abord, il est facile de reconnaître, le Figuier avec ses larges feuilles caduques à grands lobes vert luisants. Mais...

Chez le figuier sauvage, on a 3 poussées de «fruits»: au printemps, été et automne. Pourtant, vous ne verrez pas les fleurs car elles sont regroupées à l’intérieur d'un réceptacle fermé de couleur verte à violette, la figue. Ceci oblige une pollinisation spécifique qui est réalisée par l'intermédiaire d'un Hyménoptère, le blastophage. Il pond ses œufs dans les fleurs stériles du printemps avec la formation de galles. Après leurs métamorphoses, les insectes ailés sortent et se chargent de pollen des fleurs mâles situées près de l'orifice apical de la figue. Dans les figues d'été, la longueur des styles des fleurs femelles fertiles empêche la ponte de ces blastophages, mais la pollinisation est assurée et permet de produire un grand nombre de minuscules « vrais » fruits (qui croquent sous la dent!). Seules quelques fleurs à styles courts seront « parasitées » et permettront d'avoir une deuxième génération de blastophages qui iront pondre dans les figues d'automne pour passer l'hiver à l’abri.

Précisons que ce type de fécondation ne se retrouve que chez les figuiers sauvages poussant sur les rochers ensoleillés de tout le bassin méditerranéen. Les paléontologues ont démontré que le Figuier de Carie proviendrait d'individus présents dès l'ère quaternaire sur notre territoire et ayant résisté à la dernière glaciation du Würm, il y a – 22 000 an av JC.

Les variétés cultivées se retrouvent quant à elles dans toutes les régions de France. Elles correspondent toutes à un type dit « commun » qui est parthénocarpique, c'est à dire qu'il n'a pas besoin de fécondation pour se développer. Aussi, la multiplication du figuier ne peut être réalisée que par bouturage ou marcottage d'individus qui ont été introduits par les Phocéens vers – 600 ans av JC. C'est par ce moyen que le figuier remarquable du couvent des Capucins de Roscoff en Bretagne, âgé de 347 ans et de 60 m de périmètre avait été planté. Arraché en 1987 pour y construire une résidence immobilière, il ne pourra plus servir à produire d'énorme quantité de latex blanc exsudant de ses tiges pour éliminer les cors et verrues de tous les habitants de la région, faire cailler le lait de toutes les laiteries du coin, ou encore servir d'encre sympathique pour rédiger cet article... ! Feu le figuier de Roscoff, son bois n'était qu'un combustible des plus médiocres, mais ses cendres pouvaient produire une excellente lessive !

Une peinture égyptienne de Beni-Hassan, vieille de 4 500 ans, illustrant une cueillette de figues montre que les figues qui, au même titre que le Blé et l'olive, constituent l'un des aliments premiers des civilisations méditerranéennes.

Chez les Romains, les figues étaient appréciées par la plèbe qui en faisait son ordinaire et figuraient à Rome au menu des athlètes. Et oui, les figues sèches, outre leurs capacités de conservation par dessiccation, sont riches en glucides et lipides et constituent un aliment énergétique remarquable. On y vénérait aussi le Figuier ruminal (de rumis « mamelle ») poussant sur le forum à Rome, sous lequel on aurait retrouvé la louve qui allaitait les futurs fondateurs de l'empire, Romulus et Remus.

Enfin, quand en Inde, le figuier est l'arbre sacré sous lequel repose et médite Siddhârta Gautama, le futur Bouddha, en Europe chrétienne, on retrouve, dans la Genèse de la Bible de Jérusalem, Adam et Eve « ...connurent qu'ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuiers et se firent des pagnes». Symbole de luxure, la figue comparée au scrotum, se retrouve dans le folklore provençal, à Cabasse (Var), où les hommes célibataires trouvaient, au matin du 1er mai, leur seuil obstrué par d'énormes branches de figuier, signifiant qu'ils sèchent les figues...