Un panier en Osier pour les suppliciés...

Salix viminalis L.

 

 

 

Quel est donc cet arbre dans le marais, avec une grosse tête et des cheveux roux hérissés comme des rayons de soleil ? Cet arbre « têtard », planté par un oséiculteur, correspond au Saule des vanniers, taillés pour produire de longs rameaux flexibles à écorce jaune-brun. Son autre nom de Vime (Salix viminalis L.) en dit long sur son usage : du latin vimen , bois apte au tressage. Plus connu, est le terme d'Osier vert qui est le matériau de prédilection pour faire des paniers. L'Osier brut ou Osier gris est taillé en hiver puis séché pendant plusieurs mois. Un trempage de 8 à 10 jours avant son utilisation sera nécessaire pour récupérer sa souplesse pour le travailler. Taillé au printemps au moment de la montée de la sève, puis écorcé et séché au soleil, on obtiendra l'Osier blanc. Et si vous avez oublié de tailler vos saules, vous pouvez toujours utiliser les branches pour faire des perches, le bois du tronc pour faire des battes de cricket, ou encore...des corvettes à marche rapide (petit navire de guerre de la fin du XVIIe siècle), mais là, il vous faudra beaucoup de bois !

Le Saule des vanniers se plaît dans les lieux humides (du celtique sal, proche, lis, eau), notamment sur les berges de rivière. On l'appelle aussi Gravange car il se développe aussi sur les bancs de graviers. A l'état naturel, le port indéterminé de cet arbre se caractérise par des branches couchées ou cassées par les crues du cours d'eau. Il reste néanmoins un joli arbre de par ses feuilles longuement lancéolées, vert tendre sur le dessus et blanchâtre cotonneux en dessous. Dans une saulaie, ne soyez pas surpris d'avoir de la neige au début de l'été, ce ne sont que les fruits qui libèrent au gré du vent une multitude de graines soyeuses comme des flocons.

Cette capacité à se propager sur de grandes distances fait qu'on le retrouve dans toute l'Europe tempérée, notamment en Norvège et en Suède où ses feuilles étaient utilisées comme nourriture du bétail. En période de disette, on allait jusqu'à récupérer l'écorce des jeunes rameaux, séchée au four, puis moulue et mêlée à la farine d'avoine, pour en faire un complément alimentaire. Les jeunes pousses de 2 à 3 cm sont aussi comestibles ; mais point d'indication sur la méthode d’accommodation au menu de fêtes de fin d'année !

Une chose est sûre, c'est qu'avec un tel aliment, adieu les lendemains difficiles : les bourgeons sont dépuratifs, c'est idéal pour évacuer les toxines des huîtres pas fraîches ! Pour la gueule de bois, les infusions de saule était déjà connues par les égyptiens antiques, pour soulager les fièvres et douleurs. Il faudra attendre le XIXe siècle, avec l'étude de ses propriétés, pour découvrir le principe actif qu'il contient, l'acide salicine, qui sera à l'origine de la synthèse de l'aspirine.

Le même traitement peut être appliqué (ou presque) aux sols pollués. Rien de tel qu'une oseraie pour réaliser une « phytoremédiation » réussie car le saule a la capacité d'accumuler les métaux lourds (cadmium, chrome, plomb, mercure, zinc), et c'est un bon fixateur de dérivés d'hydrocarbures. Si vous avez des doutes sur l'efficacité de cette pratique de génie végétal, vous pouvez toujours faire bouturer de longs rameaux, comme les paysagistes, pour créer des tonnelles, haies tressées, etc.

Enfin la dernière utilisation, qui heureusement n'est plus d'actualité, est décrite dans la Guerre des Gaules de Jules César : « D'autres peuples ont des mannequins d'une taille gigantesque dont ils remplissent d'hommes vivants les différentes parties tressées en osier ; ils y mettent le feu et les hommes entourés par la flamme y meurent. Ils pensent [les gaulois] que les supplices de ceux qui ont été saisis en flagrant délit de vol ou de brigandage ou à la suite de quelque délit sont plus agréables aux dieux immortels. Mais quand on n'a pas assez de victimes de ce genre, ils ont même recours au supplice d'innocents. »