Des œufs de Pâques dans les Ajoncs d’Europe !

Ulex europaeus L.

 

 

 

 

L’Ajonc d’Europe est un grand arbrisseau très rameux, digne représentant des paysages de lande au point qu’il en porte aussi le nom. Courant en France, cette espèce pionnière est très fréquente en Bretagne, où il est souvent utilisé pour attirer les touristes en quête de nature sauvage, mais on le retrouve aussi dans les régions de l’Europe occidentale à climat doux et océanique car il craint le gel. Par contre, il reste rare dans la région méditerranéenne (et pourtant il y a quand même des touristes !), et la plante ne semblait pas être connue pour ses propriétés médicinales chez les grecs et les anciens du pourtour méditerranéen. Ce n’est que récemment  qu’on  extrait de l’Ajonc une substance, la lectine, qui permet de différencier, par une simple réaction d'agglutination, différentes  catégories du groupe sanguin "O".

L’aspect sauvage serait-il  lié à la forme épineuse des feuilles persistantes de l’Ajonc ou aux peuplements denses qui en font des habitats impénétrables où se cachent les Korrigans surveillant les assemblées de sorcières allumant leurs feux de sabbats ? Verts cendrés, les buissons virent au jaune d’or dès la fin de l’hiver, puis, ce sont les tapis de bruyères qui colorent de pourpre les promontoires exposés, tandis que les Fougères aigles roussies par l’automne comblent les quelques coteaux inoccupés. Dans les espaces qui n’ont pas été épargnés par les remembrements intensifs, les Ajoncs subsistent, avec les ronces et les prunelliers, pour former de bonnes vieilles haies infranchissables.

Il n’y a pas si longtemps, les vieux pieds d’Ajoncs étaient réservés pour les boulangers car c’est un excellent bois de chauffage des fours à pains, avec un rendement deux fois supérieurs aux fagots des autres espèces de bois. Mais, cette forte capacité calorifique explique aussi pourquoi les feux de landes se propagent si rapidement. Qu’importe, l’Ajonc est une espèce pionnière qui recolonisera rapidement son territoire.

Il faut savoir que l’Ajonc, essentiellement spontané de nos jours, était largement planté comme une plante fourragère pour l’affourragement du bétail en vert pour l’hiver. On utilisait seulement les jeunes pousses car les graines renferment un alcaloïde toxique. On hachait la plante au « hache-lande » qu’on fabriquait naguère encore en Bretagne pour briser les épines et servir d’alimentation aux vaches et chevaux qui le préféraient au foin. Ainsi, les vaches produisaient aussi un lait plus abondant, de très bonne qualité …et avec du bon miel issu des groupes de fleurs d’Ajoncs qui fleurissent dès février en exhalant une odeur d’amande, on pouvait se régaler.

L’utilisation en tant que fourrage ou litière s’explique par la nature acide et pauvre des terres sur lesquelles il s’accommode. Les racines des Ajoncs, comme la plupart des légumineuses, hébergent des bactéries symbiotiques qui ont la faculté de fixer l’azote atmosphérique et par conséquent fournissent de l’azote sous une forme directement assimilable par l’Ajonc qui n’en puise pas assez dans le sol. Ainsi, l’Ajonc entrait autrefois dans la rotation des cultures, pour enrichir les sols pauvres en substances azotées, au pays de Galles, en Galice et dans certains cantons de la Bretagne. Sa production élevée (environ 15 tonnes par ha) et surtout l’époque hivernale de sa pousse lui valaient bien son vieux nom de « Luzerne des pays pauvres ». On semait des céréales, seigle, blé, avoine, sur sa défriche.

La morphologie de la fleur est typique des papilionacées (ou Fabacées) avec un étendard dressé, non veiné, dépassant peu le calice et les ailes et la carène droite et obtuse. La corolle est d’un jaune vif et présente des propriétés tinctoriales. Vous pouvez toujours vous amuser à teindre de la laine apprêtée en un beau jaune vif : bouillir pendant 45 minutes une petite poignée de fleurs sèches dans ½ litre d’eau, immerger 30 g de laine pendant 30 minutes. Si vous n’avez pas de laine apprêtée (il faut pour cela avoir le mouton !), vous pouvez toujours faire bouillir les œufs de Pâques à coquille blanche avec des fleurs d’Ajonc pour les colorer en jaune vif. Et, si par mégarde vous abusez de chocolat, en Espagne il parait qu’on utilise une infusion de fleurs non écloses pour les maladies de foie. Et si ces recettes ne fonctionnent pas sachez qu’il parait que l’Ajonc aide à reprendre espoir et à retrouver de nouvelles perspectives dans les situations difficiles… !