Bouleau blanc : l'arbre de la sagesse

Betula alba L.

 

 

 

Le Bouleau blanc (Betula alba L.) nous est un arbre familier puisqu´il pousse en peuplements denses sur les Landes de Cojoux. C´est une espèce pionnière qui recherche les expositions ensoleillées, ce qui explique notamment sa présence sur les zones récemment défrichées.

A l´automne, quand ses feuilles jaunes d´or sont emportées par les vents, il se dégage du paysage par son tronc blanc qui lui est si caractéristique et sa ramure bordeaux. Ces rameaux flexibles qui servaient à la fabrication de verges lui ont valu le nom de "Sceptre des maîtres d´école" ou "Arbre de la sagesse". Mais il existe une autre explication à ce nom local. Le bouleau tient une place importante dans la mythologie des arbres. Généralement consacré à la lune, il est l´arbre cosmique qui reliait les trois mondes souterrain, surface terrestre et ciel pour les chamans sibériens et il joue un rôle très particulier dans l´initiation des jeunes fidèles. Ceux-ci sont en effet "purifiés" à coup de balai fabriqué en écorce de bouleau, qui aura auparavant été trempé dans une mixture composée d´herbes de la forêt. Mais, son véritable intérêt réside plutôt dans son étrange association avec les annamites tue-mouches qui poussent entre ses racines. Les chamans en consomment pour entrer en transe et pouvoir communiquer ainsi avec les esprits.

Le Bouleau blanc, dont les origines remontent à plus de 30 millions d´années, a été utilisé de tout temps pour les besoins des hommes. Nourriture végétale d´abord, emploi technique ensuite. Un Bouleau blanc est adulte au bout de 40 ans et produit un bois blanc, demi dur, léger et de travail facile, mais sujet à la pourriture lorsqu´il est exposé à des variations atmosphériques. Très intéressant au point de vue mécanique, il permet la construction de carcasses de meubles, de barriques, de sabots, d´arceaux pour futailles, d´allumettes et la fabrication de pâte à papier. Avec son écorce, on peut couvrir les cabanes, fabriquer des corbeilles, des cordes, et même des chaussures tressées ! On en extrait aussi une huile pour le tannage qui donne au cuir de Russie une qualité supérieure et une odeur particulière. Enfin, la peau très fine et résistante tirée de l´écorce a longtemps tenu lieu de parchemin ou de papier.

A l´opposé de ce très ancien passé utilitaire, son emploi médicinal est récent. Sainte Hildegarde, au XIIe siècle, est la première à citer l´action cicatrisante de ses fleurs. En 1565, le médecin siennois Matthiole écrit: "Si on perce le tronc du bouleau avec une tarière, il en sort une grande quantité d´eau laquelle a grande propriété et vertu à rompre la pierre tant aux reins qu´en la vessie si on continue d´en user. Cette eau ôte les tâches du visage et rend la peau et charnure belle. Si on s´en lave la bouche, elle guérit les ulcères qui sont dedans."

Ainsi, avant le développement des feuilles, on perce un trou dans de jeunes arbres en pleine croissance; on y enfonce une paille par laquelle s´écoule la sève recueillie dans un récipient couvert d´un linge pour empêcher insectes et poussières d´y tomber. Pour ne pas épuiser l´arbre, on ne prolonge guère cette extraction plus de deux ou trois jours et on bouche le trou en y enfonçant une cheville de bois. En Suède et en Laponie, cette sève peut remplacer le sucre et sert à préparer du vin. On en a aussi fait de la bière et une pâte alimentaire que certaines populations russes mêlent à leur caviar. Alors, bon appétit !