Iris des marais: tout un symbole...

Iris pseudacorus L.

 

 

 

Qui ne connaît pas l´Iris des marais, qui pare de ses fleurs jaune flamboyant le printemps des rives tranquilles de la queue de l´étang du Val. Ses grandes feuilles transpercent comme des lames d´épée le miroir des eaux qui glissent sur le marais. Dans son habitat naturel, il est difficile de confondre l´Iris des marais avec ses compagnes, sauf l´Acore calame dont les feuilles en forme de glaive sont similaires. Mais, la nuance réside dans l´absence de fronces et la couleur légèrement pruineuse des feuilles d´Iris aussi appelé Iris faux-Acore. On retrouve une allusion à cette confusion possible dans le nom scientifique Iris pseudacorus L. et dans les usages antiques des apothicaires. Ainsi, c´est sur une erreur que se sont bâties les propriétés médicinales bénéfiques, bien usurpées de nos jours, de l´Iris des marais. En effet, frais, le rhizome charnu et ramifié de la plante est un violent purgatif dont la prescription pour les maux de tête et les ulcères est réservée aux médecins qui, seuls, peuvent l´adapter à chaque patient.

C´est aussi sur une confusion que l´Iris des marais est devenu le symbole de la monarchie française. On dit que Clovis roi des Francs au Ve siècle, cherchait un gué pour passer une rivière, à la veille de la bataille de Vouillé remportée sur les Wisigoths aux environs de Châtellerault. Il le repéra grâce à une biche qui traversa, en un lieu où l'Iris des marais abondait. La fleur en devint l'emblème de la royauté au XIIe siècle et Louis VII le Jeune aurait décidé de le mettre sur son blason en 1180; sur quoi le bon peuple de l´époque n´appela plus l´Iris des marais que "fleur de Louys", expression qui se déforma en "fleur de lys". Les pétales extérieurs retombant et les pétales internes dressés sont caractéristiques de la fleur d'Iris et non de la fleur de Lys, ce qui confirmerait cette légende.

Ainsi, si vous cherchez à retourner sur les traces de Clovis, il ne vous reste qu´à observer dans les sous-bois humides, les sols marécageux, les eaux peu profondes ou les bords des rivières dormantes, les touffes des délicats Iris jaunes. Une fois découvertes, inutile de cueillir de grandes brassées de fleurs jaunes d´or, car elles ne tiendront pas en vase. Laissez plutôt les fruits se développer afin qu´ils libèrent de nombreuses graines brunâtres plates empilées et qui seront libérées et flotteront sur l'eau pour coloniser de nouvelles berges.

Enfin, rappelons que ces quelques lignes auraient pu être écrites avec une superbe encre noire confectionnée à base de la limaille de fer bouillie avec des rhizomes d´Iris des Marais. Mais toute chose a un temps et les photocopieuses modernes, souvent capricieuses, ne doivent pas apprécier les bouillies d´Iris !