On aime tous casser les noisettes !

Corylus avellana L.

 

 

 

Tout d’abord, nous parlerons en premier lieu de la noisette, alias petite noix,  puisque le mot noisetier (Corylus avellana L.) lui serait dérivé et non pas l’inverse. En effet, le mot Noisetier n’est apparu qu’au début du XVIème siècle. Si à cette même époque, le médecin Matthiole la recommandait pilée et mêlée à la graisse d'ours pour faire repousser les cheveux, c’est son usage alimentaire qui est surtout connu par l’homme du néolithique jusqu’à nos jours en y trouvant un aliment très nutritif en période de disette hivernale. Ce fruit est formé d’un involucre foliacé, charnu à la base, en forme de casque romain, corylus, laissant apparaître une coque ligneuse verte, puis brune lors de sa maturation en août, contenant une graine. C’est cette graine qui est comestible et intéressante tant pour l’homme …que pour l’écureuil amnésique qui en favorise la dissémination de l’espèce en oubliant ses caches. Mais mieux que les écureuils, ce sont les Turcs (aujourd’hui les premiers producteurs mondiaux) qui furent les premiers à les cultiver pour avoir des fruits plus gros, et qui ont ainsi permis l’extension de son aire géographique à partir de l’Asie Mineure. De nos jours, le noisetier pousse spontanément dans toute l’Europe tempérée, notamment dans la région italienne d’Aveline, avellana.

Maintenant nous pouvons décrire le Noisetier. Il  pousse dans les bois, les haies où il est parfois utilisé comme brise-vent, les ravins, et toujours dans les terrains bien drainés. C’est dans ce type de milieux, que les racines du noisetier vivent en symbiose avec différentes espèces de champignons, notamment la truffe. Le bois des racines, curieusement veiné, est employé en marqueterie, peut-être d’un coffret contenant des fioles de parfum ou des savons à base d’huile de noisetier.
Possédant de nombreux rejets à partir de la souche, ces rameaux souples et résistants ont jadis servi à de nombreux usages. Les toutes jeunes tiges étaient utilisées dans la confection d’article en vannerie et les baguettes fourchues, de coudrier, servaient aux sourciers à retrouver les points d’eau. Les branches plus âgées étaient taillées en lames pour le cerclage des tonneaux ou fournissaient aisément des tuteurs ou des manches bien droits pour les outils légers, ou encore servaient à la confection de toitures.
Sur ces mêmes branches, on trouve… des feuilles, presque aussi larges que longues, doublement dentées et terminées en pointe. Pendant que les abeilles sucent le miellat qui exsude de celles-ci en été, les hommes les fument comme du tabac et boivent leur vin dans des gobelets en bois de noisetier !
Quand, il n’y a plus de feuilles en hiver, on a … les fleurs. Les fleurs mâles sont regroupées en 2 à 5 longs chatons cylindriques, pendants et jaunes, ce qui leur confère une note décorative non négligeable quand l’arbre est isolé dans un jardin d’ornement dénudé. Les fleurs femelles, regroupées par 1 à 5 dans un bourgeon écailleux, sont beaucoup moins apparentes à part leurs minuscules styles rouges.

Outre ce descriptif rationnel, le noisetier colporte aussi des légendes et symboliques inavouables.
En Bretagne, comme l’eau ne manque pas, on y préfère plutôt chercher de l’or puisqu’une légende affirme que durant les douze coups de minuit, la nuit de Noël, des rameaux de noisetier se changent en or. Il y a donc peu de temps pour les cueillir et si le découvreur n’y parvient pas avant le douzième coup, il disparaît avec le rameau ! La fortune est parfois éphémère ! Pendant ce temps, en Normandie, on cherche du lait : pour qu’une vache donne du lait, on la frappait trois fois avec une baguette de coudrier. Cette pratique a d’ailleurs valu le bûcher à quelques femmes accusées de sorcellerie pour avoir ainsi frappé des vaches, qui par la suite, s’entêtaient à donner du lait toute l’année.
Il n’y a qu’un pas pour que le noisetier devienne le symbole de la fertilité. On dit que si un homme se marie une année de belle fructification il aura beaucoup d’enfants. Dans les campagnes reculées on disait : « Année à noisettes, année à garçons ». Ailleurs, il revenait à la belle-mère, le jour des noces, de jeter des noisettes à la tête du marié. Avec le temps, l’expression « casser des noisettes » en est venue à désigner l’élan amoureux. C’est de cette tradition que s’est inspiré Tchaïkovski pour créer son célèbre ballet Casse-noisette.
Et pour finir, nous évoquerons sa symbolique d’Arbre de la science, du savoir et de la sagesse.  Son bois constitue le Bâton qu’Hermès, dieu du commerce chez les grecs, offrit aux hommes et qui avec les deux serpents enroulés en sens inverse, devint le Caducée, ce très ancien symbole (2 600 ans av. JC) de la paix, de l’équilibre des contraires, de la spiritualité. L’axe en noisetier du caducée est une mise en abyme de l’Arbre, axe du monde. Sur ce, je vous laisse méditer au regard de l’actualité !