Les Frênes sont très anciens puisqu´on a retrouvé la trace de leur présence au Tertiaire (de -70 à -4 millions d´années) dans le nord-est du Canada.
Ils auraient graduellement évolué au cours de leur progression vers le sud, ce qui fait qu´on retrouve de nos jours le Frêne élevé (Fraxinus excelsior L.) dans toute l´Europe septentrionale, en Asie occidentale et même en Afrique septentrionale.
Ces origines pourraient expliquer pourquoi cet arbre caduc perd ses feuilles très tôt à l´automne, laissant apparaître de gros bourgeons d´un noir velouté si caractéristiques de l´espèce.
Par contre, adaptés à des altitudes allant jusqu´à 1400 m et où la saison est courte, les Frênes qui poussent dans les plaines sont toujours aussi prudents pour débourrer au printemps leur jeunes feuilles découpées même si la saison y est plus longue.
C´est pour cette raison, dans les anciennes républiques baltes, que Frêne signifie homme étourdi ou niais, car il ne sait pas quand vient le printemps et reste donc longtemps dénudé ; puis, quand vient l´automne, il se débarrasse de toutes ses feuilles d´un seul coup, avant tous les autres arbres.
Ainsi, les fleurs apparaissent au début du printemps, avant les feuilles.
De couleur brunâtre, petites, elles n´ont ni calice, ni corolle, ce qui les rend insignifiantes.
Par contre, à la fin de l´été, il est beaucoup plus facile d´observer les samares, fruits caractéristiques avec une large aile au sommet afin de faciliter la dissémination des graines par le vent et que l´on peut consommer en marinade dans du vinaigre après une ébullition dans deux eaux pour ôter toute amertume.
C´est principalement d´après la forme de la fleur que le Frêne élevé a été attribué à la famille des Oléacées tout comme l´Olivier.
Pourtant, ces deux espèces n´ont, à premier abord, guère de ressemblance.
Ainsi, loin des contraintes du climat méditerranéen, le Frêne, est un arbre beaucoup plus élevé pouvant atteindre 40 mètres et avec une forte racine qui s´enracine profondément sur les berges des cours d´eau.
Cette caractéristique a fait qu´il est souvent privilégié dans les travaux de génie végétal pour consolider naturellement les berges érodées.
Aussi cultivé dans les marais, il faudra attendre jusqu´à 90 ans pour avoir un arbre exploitable.
C´est alors, derrière son écorce grise et profondément crevassée, que se cachera un bois blanc jaunâtre, souple et nerveux qui a longtemps servi à la fabrication d´équipements sportifs : skis, les bâtons de hockey, membrures d´hydravions, jantes de roues de bicyclettes!
Si la santé ne vous permet pas de pratiquer de tels loisirs, vous pouvez toujours envisager de récolter, au printemps, les jeunes feuilles dépourvues de leur pétiole et encore couvertes de leur enduit un peu collant, ou l´écorce des rameaux de 2 à 3 ans pour préparer des remèdes à vertus fébrifuges, antirhumatismales et diurétiques.
A cause de ces propriétés, on l´a aussi appelé Quinine d´Europe avant la découverte du quinquina.
Une fois rétablis, vous pouvez expérimenter la fabrication d´une boisson rafraîchissante, la frênette.
De manière plus énigmatique, au XVIe siècle on utilisait aussi le Frêne contre les poisons et venins.
On affirmait que si l´on en portait une feuille sur soi ou si l´on en suspendait des branches dans les étables, aucun reptile ne pourrait vous mordre ou s´attaquer au bétail.
Une légende disait même que si un serpent devait avoir à choisir entre passer à travers les branches d´un frêne ou par les flammes d´un feu, il choisirait le deuxième chemin.
Mais le mystique est à son comble quand on s´intéresse à la symbolique scandinave ou le Frêne était l´arbre cosmique qui reliait les trois mondes souterrains, surface terrestre et ciel.
Enfin, les rites magiques en Europe, lui attribuaient de grands pouvoirs curatifs, dont celui de guérir l´hernie ombilicale du nouveau-né.
Le rituel exigeait qu´on fende un jeune Frêne en deux dans le sens de la longueur, puis qu´on fasse passer le bébé entre les deux moitiés écartées, que l´on réunissait ensuite avec de la ficelle.
La guérison du bébé était censée s´accorder à celle du jeune frêne ... !